Pourquoi les chrétiens sont-ils de bons acteurs du climat
Je parle beaucoup du changement climatique : avec mes amis, ma famille et mes camarades de classe, mais aussi avec des inconnus aux arrêts de bus et dans les files d’attente à l’épicerie. Récemment, quelques personnes m’ont posé des variantes de la même question : avez-vous bon espoir que nous pourrons résoudre la crise climatique à temps ? » Ils veulent savoir si c’est l’espoir ou le désespoir qui l’emporte dans les conversations sur le climat auxquelles je participe.
Il est logique que les gens se posent cette question. Il est facile de se laisser aller au désespoir. Nous sommes témoins des effets dévastateurs du changement climatique tout autour de nous : des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes qui ravagent les côtes et plus loin encore, des sécheresses dévastatrices en Afrique de l’Est et des canicules meurtrières en Europe. Et tout cela tandis que les gouvernements se disputent et que les compagnies pétrolières continuent d’engranger d’énormes profits et d’étendre leurs activités. La crainte et l’effroi sont des réactions naturelles.
Pendant des décennies, l’activisme climatique a véhiculé un message de peur et de catastrophisme, d’incendie et d’extinction. C’est la stratégie que les scientifiques et les militants désespérés ont mise en œuvre pour lutter contre les campagnes de désinformation des compagnies pétrolières bien financées. Cette stratégie était indispensable afin de faire passer le message. Les données scientifiques étaient claires : le changement climatique était une réalité, l’homme en était la cause et il y aurait des effets dévastateurs si l’on ne faisait rien. Il fallait crier ce message haut et fort pour qu’il soit entendu.
Aujourd’hui, la majorité des Canadiens et des Américains savent que le changement climatique est un phénomène réel et dangereux. Toutefois pour beaucoup d’entre nous, en particulier ma génération, la Génération Z, ces messages catastrophistes sur le climat véhiculés pendant des années, associées à la complaisance des gouvernements, suscitent en nous un sentiment non pas d’urgence, mais d’angoisse et de désespoir. On signale que de plus en plus de personnes et en particulier les jeunes générations éprouvent la crainte, la tristesse, l’impuissance et l’anxiété liées au changement climatique.
Le désespoir ne sert à rien en cas d’urgence
IJ’ai appris cette leçon très concrètement l’année dernière lorsque mon logement a été inondé. Le changement climatique a contribué à cette inondation : après un nouvel été de sécheresse suivi d’une rivière atmosphérique (un corridor étroit d’humidité concentrée dans l’atmosphère) qui a apporté plus de pluie que la terre ne pouvait absorber. De nombreuses personnes ont beaucoup perdu dans cette tempête. Cependant, dans mon cas, la cause immédiate était une pompe cassée qui a provoqué l’inondation de mon appartement en sous-sol alors que le reste de mon quartier a aisément résisté au déluge.
Rentrer chez moi, seule, et me retrouver avec cinq centimètres d’eau (et plus) à l’intérieur de mon appartement était certainement cause de désespoir. Mais le désespoir n’aurait pas empêché mon lit d’être trempé. Pleurer la désintégration de mes Birkenstocks n’aurait pas sauvé mes planchers en bois d’un sort similaire. J’ai donc trouvé un seau et je me suis mise au travail.
Parfois, mener une action contre le changement climatique peut ressembler à ce que j’ai fait ce jour-là, en évacuant l’eau de ma maison alors que la pluie continuait à tomber. Est-ce que cela a un impact ? Suis-je la seule à me soucier de ce qui se passe ? Ce devrait être un problème pour quelqu’un de plus important. Pourquoi personne ne m’aide-t-il ? Je suis fatiguée.
Ceux qui se préoccupent de l’urgence climatique ont soif d’espoir ; c’est pourquoi je pense que les chrétiens ont un rôle important à jouer dans le mouvement pour le changement climatique. En tant que disciples de Jésus, nous avons un métarécit pour les situations apparemment sans espoir : une histoire de bonne nouvelle, de sauvetage et de réconciliation pour un monde brisé. Nous vivons avec la conviction simultanée et contradictoire que Dieu a déjà réconcilié toutes choses avec lui-même, et qu’il est encore en train de le faire (Hébreux 2.8-9, Colossiens 1.20). Nous espérons que Dieu fera toutes choses nouvelles, qu’il est puissant et, surtout, qu’il est bon.
Enracinée dans la foi que « Dieu a tant aimé le monde »
Il ne s’agit pas de jouir passivement de cette espérance. Jésus nous invite à nous associer à lui dans l’œuvre de réconciliation. Dans 2 Corinthiens 5.18-19 (SG21), nous lisons : « Et tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par [Jésus-]Christ et qui nous a donné le ministère de la réconciliation. En effet, Dieu était en Christ : il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. »
Cependant, tout comme l’Église tient souvent ce message dans une main et la nourriture dans l’autre, la réalité d’aujourd’hui est que les Églises doivent tenir la bonne nouvelle de Jésus dans une main et une action significative en faveur du climat dans l’autre.
Jésus nous demande d’aller dans le monde entier et de partager cette bonne nouvelle. Cependant, tout comme l’Église tient souvent ce message dans une main et la nourriture dans l’autre, la réalité d’aujourd’hui est que les Églises doivent tenir la bonne nouvelle de Jésus dans une main et une action climatique significative dans l’autre. Si nous ne luttons pas contre les changements climatiques, nous contribuons aux pratiques qui rendent l’accès à la nourriture et à l’eau plus difficile, ce qui affaiblit notre message d’espoir.
Œuvrer à la réconciliation dans le contexte du changement climatique n’est pas différent des autres situations auxquelles nous appliquons notre foi. Nous sommes appelés à rechercher la justice et à aimer la miséricorde, à prendre soin des pauvres et des opprimés, à aimer notre prochain et à prendre soin de la création de Dieu.
Il y a dans la foi chrétienne une association heureuse entre la part de Dieu et la part du croyant. D’une part, le chrétien puise une espérance inébranlable dans un Dieu bon qui a réconcilié toute la création à lui-même. D’autre part il est porteur d’une mission de poursuivre la réconciliation et d’offrir amour et soins. C’est cette association de l’espérance en Dieu et de la mission personnelle qui fait du chrétien un acteur passionné et inébranlable de l’action climatique.
L’espoir donné et partagé librement
Le premier mouvement climatique avait besoin de sonner l’alarme et de recueillir des preuves. Aujourd’hui, ce mouvement a besoin d’actions et de solutions de la part d’innovateurs, d’ingénieurs, de politiciens et de scientifiques. Néanmoins, il a également besoin de l’espérance des croyants.
C’est ce que je réponds aux gens qui me demandent si je suis optimiste quant à l’avenir de notre planète. Ma réponse est « Oui ! ». Je leur dis que même si l’action en faveur du climat ressemble à une simple riposte face à un déluge sans fin, j’ai espoir en quelque chose de bien plus grand que la force de nos bras ou la taille de nos seaux.
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