Grandir à Gaza
Vivre la joie et les contraintes dans l’une des zones les plus peuplées de la planète
(Note de la rédaction : Le directeur de la planification stratégique du MCC, Alain Epp Weaver, a travaillé avec le MCC dans la bande de Gaza dans les années 1990. Il évoque ici les joies et les contraintes que connaissent les jeunes qui grandissent dans cette région, et il partage des souvenirs de ces années et d’un voyage effectué récemment à Gaza pour voir les programmes et les partenaires du MCC.)
J’ai redécouvert la beauté et la joie de Gaza plus tôt cette année lors d’un voyage de travail avec le MCC visant à rencontrer des organismes palestiniens. Ceux-ci ont pour mission de former les jeunes à devenir des responsables et à développer leur esprit de créativité.
Ma compagne Sonia et moi-même, nous nous sommes installés à Gaza pour la première fois au cours de l’été 1995. C’était une période d’optimisme, car les accords de paix d’Oslo entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avaient conduit à l’établissement de l’Autorité palestinienne dans certaines régions des territoires palestiniens occupés, y compris dans la bande de Gaza.
Les habitants de Gaza qui avaient subi des couvre-feux nocturnes par l’armée israélienne pouvaient désormais profiter des soirées à la plage et au parc municipal situé le long de la principale artère de la ville, la rue Omar al-Mukhtar. Les Églises orthodoxes, catholiques et baptistes pouvaient dorénavant organiser des événements en soirée. Sonia et moi aimions emmener notre petit garçon et notre fillette le soir pour « humer l’air », comme le dit le dicton arabe, acheter des sandwichs au falafel et des boules de crème glacée et regarder notre fils gambader dans l’aire de jeux.
J’ai redécouvert la beauté et la joie de Gaza plus tôt cette année lors d’un voyage de travail avec le MCC visant à rencontrer des organismes palestiniens. Ceux-ci ont pour mission de former les jeunes à devenir des responsables et à développer leur esprit de créativité.
Ma compagne Sonia et moi-même, nous nous sommes installés à Gaza pour la première fois au cours de l’été 1995. C’était une période d’optimisme, car les accords de paix d’Oslo entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avaient conduit à l’établissement de l’Autorité palestinienne dans certaines régions des territoires palestiniens occupés, y compris dans la bande de Gaza.
Les habitants de Gaza qui avaient subi des couvre-feux nocturnes par l’armée israélienne pouvaient désormais profiter des soirées à la plage et au parc municipal situé le long de la principale artère de la ville, la rue Omar al-Mukhtar. Les Églises orthodoxes, catholiques et baptistes pouvaient dorénavant organiser des événements en soirée. Sonia et moi aimions emmener notre petit garçon et notre fillette le soir pour « humer l’air », comme le dit le dicton arabe, acheter des sandwichs au falafel et des boules de crème glacée et regarder notre fils gambader dans l’aire de jeux.
Après cette première année à explorer les possibilités de partenariats pour le MCC à Gaza, nous y sommes retournés travailler un an en 1999. À cette époque, le nombre de Palestiniens autorisés à sortir de Gaza avait considérablement diminué. La lueur d’espoir initial quant à un processus de paix s’était estompée depuis longtemps. Les rêves qu’avaient certains dirigeants palestiniens de voir Gaza devenir une puissance économique comme Singapour s’étaient évaporés, alors que l’embargo économique israélien commençait à prendre forme.
Alors que le contexte politique et économique s’assombrissait de plus en plus, je me souviens avant tout de l’hospitalité, la créativité et la joie des habitants de Gaza : la messe de Noël à l’église catholique de Gaza, une grillade avec des amis qui faisaient cuire du poulet dans une fosse couverte, et une fête bruyante chez nous pour fêter l’an 2000 avec deux familles palestiniennes dont les enfants avaient l’âge des nôtres.
Au cours des deux décennies qui se sont écoulées depuis notre départ de Gaza, les conditions matérielles s’y sont indéniablement détériorées. Les deux millions d’habitants de Gaza sont enfermés dans les 141 miles carrés (365 kilomètres carrés) de la bande, soumis à un embargo militaire israélien strict qui contrôle rigoureusement la circulation des personnes et des biens à l’intérieur et à l’extérieur. Entrer dans la bande de Gaza aujourd’hui, c’est entrer dans ce que de nombreux groupes de défense des droits de l’homme ont qualifié de plus grande prison à ciel ouvert du monde.
Le taux de chômage à Gaza avoisine les 50 %. Au cours des 15 dernières années, la bande de Gaza a subi de nombreux bombardements aériens israéliens et les militants palestiniens ont tiré des roquettes de fortune en direction d’Israël. L’action militaire israélienne a tué plus de 5 300 habitants de Gaza depuis 2008 (dont plus de 1 000 enfants) et y a laissé des milliers de familles sans domicile.
La bande de Gaza compte une population beaucoup plus jeune que la plupart des régions du monde. Alors que l’âge médian mondial est de 30 ans, il est de 18 ans à Gaza, et alors que 25 % de la population mondiale a moins de 14 ans, la proportion est de 42 % à Gaza. De nombreuses écoles fonctionnent avec une équipe du matin et une équipe du soir pour accueillir tous les élèves.
À bien des égards, les enfants de la bande de Gaza entrevoient un avenir très restreint. Leurs possibilités de quitter Gaza afin de prier à Jérusalem, d’étudier en dehors de Gaza, de visiter les sites des villages d’où leurs familles ont été déracinées en 1948 sont pratiquement nulles. Leurs perspectives économiques une fois adultes sont précaires. Grandir dans la crainte de voir des bombes tomber sur leur ville, leur camp de réfugiés ou leur village engendre des conséquences psychologiques très lourdes.
Ces réalités qui façonnent l’enfance à Gaza sont dures et font réfléchir. Pourtant, lors de mon retour à Gaza en janvier, les souvenirs joyeux de ce lieu me sont revenus et m’ont encouragé. J’étais témoin de la joie des familles qui se promenaient le soir dans le parc et le long du port et les parents qui faisaient la queue avec leurs enfants pour acheter des sandwichs au falafel et des crèmes glacées.
La participation au cours de formation améliore considérablement les perspectives économiques des élèves. Sur les 29 postes que la principale compagnie d’électricité de Gaza a affichés en 2022, 22 ont été pourvus par des diplômés du cours de formation du NECC.
La joie rayonnait sur le visage d’Amasy Megdad alors qu’elle racontait avec fierté comment elle participe avec d’autres enfants à diriger les colonies de vacances depuis quatre ans. Ces colonies se situent à Khan Younis et sont soutenues par le MCC, mais organisés par l’Association pour la culture et la libre pensée (CFTA).
Alors que le personnel de la CFTA est présent et disponible pour soutenir ces camps, des filles comme Amasy collaborent pour définir les thèmes, les activités, le menu et bien d’autres choses encore. « Nous apprenons en jouant et nous apprenons à penser de manière critique », a partagé Amasy, faisant écho à ce que j’ai entendu de la part d’autres enfants animateurs. Grâce aux camps, elles apprennent à utiliser leur créativité pour définir les défis auxquels leur quartier et leur ville sont confrontés et à discerner comment elles peuvent se mobiliser pour les relever.
« La solution vient de l’intérieur », m’a affirmé Majeda al-Saqqa, directrice de la communication de la CFTA, en décrivant l’accent que l’association met sur l’autonomisation des enfants, des jeunes et des femmes afin qu’ils jouent un rôle actif dans l’évolution de leur société.
Alain Epp Weaver dirige la planification stratégique de MCC. Il vit à Lancaster, en Pennsylvanie, et est l'auteur de Inhabiting the Land: Thinking Theologically about the Palestinian-Israeli Conflict (Cascade, 2018).